En Californie, plus que le raisin et le vin, c’est la culture de l’amande qui rapporte le plus.
C’est ainsi des milliers d’hectares d’amandiers, monoculture par excellence.
Et en février, pour que tout ça marche, la moitié des ruches du pays migrent vers la Californie. Des abeilles bourrées de médicaments pour survivre à ce milieu dans lequel elles ne peuvent plus habiter à temps plein… et garder un minimum d’efficacité et donc de productivité.
Ref :
– arte.tv – Le mystère de la disparition des abeilles
– courrierinternational.com – On achève bien les abeilles
Copie du résumé de l’émission :
Essentielles au maintien de la biodiversité et à la survie de notre agriculture, les abeilles disparaissent inexorablement. Une enquête fouillée et rigoureuse sur un désastre écologique en cours.
Des ruches désertées. À l’extérieur, pas de cadavres. À l’intérieur, une reine en bonne santé, des larves viables et une poignée de jeunes adultes affaiblis. Mais nulle trace des autres ouvrières. C’est le syndrome d’effondrement des colonies : un mal foudroyant qui décime les ruches américaines par centaines de milliers depuis 2006. Peu à peu, il s’étend au reste du monde. Cette situation d’urgence menace de précipiter un peu plus un déclin continu entamé dès l’après-guerre. Or, même si ce n’est qu’aujourd’hui que l’on en prend conscience, les insectes pollinisateurs, aux premiers rangs desquels les abeilles domestiques et sauvages, constituent un rouage irremplaçable de la biodiversité et de notre agriculture. Sans ces sentinelles de la nature, pas de pollinisation des fleurs, et donc pas de fruits ni de légumes…
Fuite en avant
Scientifiques et apiculteurs sont confrontés à un problème aux ramifications multiples, que cette enquête soignée décortique point par point. De l’acarien varroa venu de l’Est, qui parasite les ruches d’Europe et d’Amérique, à l’usage massif de produits chimiques induit par le productivisme agricole, Mark Daniels montre comment la mondialisation a accéléré la mise en coupe réglée de la nature. Ainsi des gigantesques champs d’amandiers de Californie, dont le poids dans l’économie locale entraîne les agriculteurs dans une perpétuelle fuite en avant. En manque d’abeilles en 2005, ils en importent en masse d’Australie. Puis, en 2006, intervient le syndrome d’effondrement des colonies. Saturant leurs plantations de pesticides, obligeant des milliards d’abeilles à des transhumances éreintantes, remplaçant fréquemment leurs reines, ils jouent aux apprentis sorciers de la biologie.
Dans les laboratoires français, américains ou allemands, des recherches convergentes mettent en évidence l’interaction d’une multiplicité de facteurs dans la surmortalité des abeilles. Impossible, par exemple, d’incriminer les seuls pesticides comme dans les années 1990. En revanche, combinés à un virus, ou à un champignon, l’effet de certains produits semble se démultiplier, comme l’indiquent les études les plus récentes.
Tour de force
Mais si beaucoup de chercheurs appellent à promouvoir d’urgence une agriculture plus respectueuse de l’environnement, d’autres spéculent déjà sur la fabrication d’une abeille transgénique. Face aux débats de la science, les autorités louvoient, coincées entre des agriculteurs dépendants des pesticides, des industriels qui défendent leurs produits bec et ongles et des apiculteurs qui sonnent l’alarme. Dans les fleurs où butinent les abeilles, derrière l’oeilleton des microscopes ou dans les pas d’un apiculteur écossais philosophe, la caméra de Mark Daniels réussit le tour de force d’exposer avec limpidité ce problème aux enjeux si complexes.